Ferme de Vernand

FamilleSalot©Vernand

Pierre Salot, père de Jean Salot (assis sur la photo), a acheté la ferme en 1909 à Mme Devaux, veuve Junet, industriel à Fourneaux. Il en était déjà fermier depuis plusieurs années. En 1904, la ferme comptait selon un bulletin de déclaration agricole 24 hectares répartis globalement de cette manière : 10 hectares de terres labourables (blé, seigle, sarrasin, avoine, pommes de terre, topinanbours, betteraves fourragères, colza, prairies artificielles), 6 hectares de prairies de fauche non pâturées, 4 hectares de pâturages, 1 hectare de bois et 2 hectares de landes. On y recensait également plusieurs productions animales : 2 chevaux de trait, 1 taureau, 7 vaches laitières et 3 génisses, 2 porcs, chèvres, lapins et basse-cour. La ferme faisait alors vivre une famille de six personnes : les deux parents, Jean et Anna, et leurs trois enfants, Gilbert, Marie-Jeanne et Marie-Antoinette, ainsi que Clément Salot, frère de Jean, qui était comis agricole.
Aucun des trois enfants ne se mariera, mais les personnes ayant un lien et des attaches avec la ferme sont nombreuses, que ce soit de la famille venant régulièrement sur le site et participant ponctuellement aux travaux agricoles, ou encore des enfants gardés notamment pendant la seconde guerre mondiale qui conserveront un lien avec la ferme. Après la retraite de leurs parents, deux des enfants, Gilbert et Marie-Antoinette, continuent de travailler sur la ferme jusqu’au début des années 1980 avec la dernière soeur, Marie-Jeanne, habitant aussi sur le site mais ayant toujours travaillé à TBM, soierie de Fourneaux.
Arrivant à l’âge de la retraite et n’ayant pas de successeurs ou repreneurs particuliers pour la ferme, ils proposent à Claude Janin, filleul de Gilbert Salot, et à son épouse, Isabelle (née Devaux) de reprendre la ferme. Ceux-ci voulaient s’installer en agriculture et avaient repris quelques années plus tôt en location une ferme dans le Nord du département du Rhône. Claude Janin était initialement ingénieur agronome, et Isabelle Janin laborantine. Ils reprennent ainsi tous les deux la ferme de Vernand en 1983, construisant une nouvelle habitation sur le site et de nouveaux bâtiments agricoles en prolongement des anciens. Ils auront trois enfants, Pierre, Rémi et Fanny. Ils font évoluer cette ferme encore en petite polyculture élevage vers l’élevage de moutons et de vaches pour la viande et acquièrent progressivement des terrains supplémentaires.

En 1985 l’affaire du Rainbow Warrior en Nouvelle-Zélande, liée au sabotage d’un bateau de Greenpeace par deux agents secrets français qui entraînera la mort d’une personne, engendre une crise diplomatique. En compensation le gouvernement français accepte notamment d’augmenter les importations de viande d’agneaux néozélandais, ce qui fera chuter les cours de l’agneau français. Cette mesure plonge la filière ovine en France dans une crise importante, et sur leur exploitation Isabelle et Claude Janin décident de trouver d’autres moyens de revenus. La vente directe est alors développée avec d’autres éleveurs locaux, celle-ci est lancée sur la ferme en 1989. Cette même année Claude Janin s’oriente vers une autre activité professionnelle, suivant une formation et soutenant  un doctorat en géographie à l’Institut de Géograohie Alpine. Il trouve un travail extérieur à la Chambre d’Agriculture de l’Isère puis à partir de 2001 il devient professeur associé à l’Institut de Géographie Alpine. En 1995 il devient également Maire de Fourneaux, puis en 2002 Président de la Communauté de communes, mandats qu’il exercera jusqu’en 2014.

En 1989 Isabelle Janin se retrouve alors unique exploitante. Un salarié est alors employé à plein temps et entre sur la ferme, Michel Laurent, puis un GAEC est créé avec un nouvel associé. La ferme effectue ensuite sa conversion en agriculture biologique en 1992. En 1997 la vente sur des marchés locaux est installée et un laboratoire de découpe est construit sur le site de la ferme, puis en 2001 l’association en GAEC s’achève. La ferme devient alors une EARL. En 2005 les deux fils de Claude et Isabelle Janin, alors étudiants en architecture pour Pierre et en paysage pour Rémi, choisissent d’effectuer ensemble leur diplôme de fin d’étude en prenant la ferme comme sujet. Ils développent alors un projet de paysage et d’architecture progressivement mis en place depuis. Ils créent en 2007 une agence commune, Fabriques Architectures Paysages, qui a vocation à travailler principalement sur des problématiques liées à la ruralité et à l’agriculture. Celle-ci est alors basée sur la ferme, puis une seconde antenne sera créée en 2010 à Lyon. En 2008 également une association dénommée Polyculture, née de la rencontre avec d’autres habitants du territoire, voit le jour autour de la ferme. Celle-ci a pour objectif de développer un projet culturel autour du site et des relations entre art, spatialité et agriculture. Un cycle d’art contemporain est organisé et aura lieu à plusieurs reprises en 2009, 2010, 2011, 2013, 2015 puis 2018. Cet évènement de quelques journées se passe à chaque fois à la fin du printemps. Il se base sur l’installation d’un parcours traversant la ferme ponctué d’installations artistiques et associé à une programmation culturelle plus large pendant ces journées.

Depuis 2001 la ferme compte 93 hectares de Surface Agricole Utile (SAU) dont presque dix hectares de cultures exclusivement destinés à l’alimentation animale, plus un parc d’estive de 13 hectares dans les Monts du Forez où est emmené une dizaine de génisses chaque année. La ferme élève 40 vaches de race limousine et highland, ainsi que 90 brebis. Elle fait vivre presque trois personnes, deux à temps plein ainsi qu’un boucher à temps partiel. Isabelle Janin a pris sa retraite à l’automne 2017 mais est toujours présente, employée à temps partiel. Elle a été remplacée par son fils Rémi Janin cette même année.

< la ferme